Je suis arrivée en France le 22 décembre 1972 avec mon frère adoptif de Danang.
J’ai commencé mes recherches, il y a environ 3 ans sans aucune conviction.
Finalement, je ne sais pas pourquoi le 19 janvier 2006, je poste une annonce de recherche sur Voyage Forum.
Le lendemain, une vietnamienne canadienne me répond et me dit qu’elle a un cousin qui est de mon village et qu’ils vont m’aider dans mes recherches.
Le Destin…
Depuis tout a été très vite.
Quel fut mon étonnement quand son cousin me confirma que l’orphelinat n’a jamais été rasé, ni brûlé, mais qu’il a été repris par le gouvernement.
Le samedi 12 février 2006, il retrouve ma famille.
Maintenant, je connais plus ou moins toute mon histoire…
Si vous le voulez bien, je vais vous la résumer.
Je suis née Lê Thị Mỹ Hoàng.
Je viens du Delta du Mékong, de Sa Dec exactement.
Vous connaissez…sûrement l’histoire avec Marguerite Duras et son bel amant chinois.
Et bien voilà, c’est dans un district de Sa Dec , Hoà-Khanh que j’aie vécue les premiers moments de ma vie vietnamienne, entre les fruits, les fleurs et les rizières du Mékong.
J’ai grandi les trois premières années de ma vie à l’orphelinat : LA PROVIDENCE
de Hoà-Khanh.
Pour moi cela restera toujours ma première maison .
C’est ma mère qui m’a confiée à l’orphelinat par obligation.
Pourquoi ? Parce que je suis « un fruit de la passion » né d’une relation secrète…
Je n’aurai pas eu le temps de la serrer dans mes bras pour qu’elle puisse partir en paix.
Je sais qu’elle a vécue malheureuse, jusqu’à la fin de sa vie hantée par mon souvenir.
J’aurai voulu la remercier de m’avoir « reconnue » et d’avoir laisser à l’orphelinat mon acte de naissance et certificat de baptême.
Ces deux papiers ont permis de retrouver également mon père qui ne figurait sur aucun de ces documents.
14 avril 2006, je suis arrivée au Việt Nam avec mon mari, enfin…
J’ai pu rencontrer mon père ainsi que sa femme et mes demi-frères et soeurs.
J’ai pu lire dans ses yeux tous ses regrets et tout son amour vis-à-vis de moi.
Ce fut une belle reconnaissance, surtout ces premiers mots en français : « ma fille ».
J’ai pu me recueillir également sur la tombe de ma mère et faire la connaissance d’une partie de sa famille.
Du côté des enfants de ma mère, je suis la seule en vie.
Mes trois demi-frères sont décédés également.
Je découvre que Toute la famille (parenté également) de mon père et de ma mère vit dans la même rue, le long d’un des bras du Mékong.
Les anciens me regardent comme une « revenante » …ils connaissent mon histoire.
Je suis allée rendre visite à Sœur Sainte-Croix au Monastère qui est devenu une garderie et consulté le registre avec elle.
Là, j’ai découvert une photo de moi plus petite.
J’en ai profité aussi pour aller rendre visite à Sœur Bénédicta qui gère le nouvel orphelinat.
Bref, ce voyage au Việt Nam a été une véritable renaissance.
Depuis, je me sens plus vietnamienne qu’avant.
Tout le côté vietnamien que j’avais enfoui au fond de moi se libère petit à petit.
J’ai commencé des cours de vietnamien , je vais faire un hôtel des ancêtres pour ma mère…
Aujourd’hui, je suis en harmonie avec mon passé et je suis heureuse pour mes enfants.
J’ai enfin les réponses à leurs questions, à mes questions .
Grâce à internet, mes enfants peuvent voir la famille de mon père via la web cam.
Toutefois, depuis mon retour berceau, il n’y a pas un instant où mon esprit n’est pas là-bas.
Actuellement, il est encore trop tôt pour dire si ces retrouvailles m’aideront à être plus épanouie.
Toute ma vie, je me suis dite que ma famille c’est celle que je fonderai et c’est vrai.